Semaine de Workshops semestriels croisés cycle 1 - Art et Design
Ces workshops sont des ateliers de production avec des artistes et des designers invités à l'ebabx dans des champs artistiques diversifiés (édition, son, cinéma, performance, danse, stylisme, matériaux, photographie, cuisine, impression, performance, peinture, objet, design, multimédia...), ils sont ouverts à l'ensemble des étudiants du cycle 1, organisés sur 5 jours, avec un temps de restitution publique.
[Workshop "Les collatéraux"] avec Emmanuelle Salasc
Les collatéraux
« Et qu’est-ce qu’il fait votre gendre, avec un 7,65 dans une buse ?!
Il faut lui demander, je ne sais pas
Vous n’avez pas été déçue ?
Si, mais c’est un être humain, il fait partie de notre famille. Et là, il a été libéré avec un bracelet, et ce n’est plus le même homme.
Et avant, il était un autre homme ? Quel homme était-il ?
Il peut se mettre en colère et ça peut retomber, c’est quelqu’un du Sud, il est comme le temps ici, comme le vent, nous là haut on ne connait pas ça... »
Cette femme âgée qui est ici auditionnée, et qui parle si bien de son gendre comparaissant à la Cour d'Assises de l'Hérault, est ce que j'appelle une « collatérale » : une personne indirectement impliquée dans un fait divers, indirectement victime aussi.
En travaillant sur ce fait divers, je me suis rendue compte que ces personnes d'à-côté sont particulièrement intéressantes : devenant, malgré elles, personnages d'un récit, mais aussi témoins, et donc narratrices, elles permettent de raconter quelque chose, de rendre compte de ce quelque chose, en prenant un angle habituellement peu exploré par les journalistes. Cet à-côté nous permet, à nous écrivains, d'entrer dans le fait divers avec une arme que nous savons parfaitement manier : la fiction.
Je vous propose de choisir à votre tour un fait divers, et de l'aborder, dans une nouvelle ou un projet de roman, par cette entrée particulière : les collatéraux.
Emmanuelle Salasc
Née en septembre 1969, Emmanuelle Salasc a suivi des études en esthétique du cinéma et en arts plastiques. Jusqu'en 2021, elle publiait sous le nom d'Emmanuelle Pagano, avant d'abandonner ce pseudonyme. Ses livres, des romans et recueils de nouvelles, essentiellement publiés chez P.O.L, sont traduits dans une quinzaine de langues. Depuis 2016, elle est également scénariste pour le cinéma. Elle a été pensionnaire à la Villa Médicis en 2013-2014. Elle vit et travaille à plus de mille mètres d’altitude.