[Conférence / Projection] avec Marguerite Vappereau
13 janvier 2020 à 16h00 à l'amphi de l'EBABX
Cette intervention présentera l’ensemble du parcours du cinéaste arménien, théoricien et praticien du montage Artavazd Péléchhian en l’ancrant dans l’histoire du cinéma soviétique. Comment Artavazd Péléchian, par ses écrits et par sa pratique cinématographique, est-il devenu un jalon incontournable de la théorie du montage soviétique internationalement reconnu ? Nous reviendrons sur son texte théorique fondateur « Le montage à contre-point ou la théorie de la distance » et la façon dont il prolonge les intuitions des grands théoriciens tels Vertov, Eisenstein et Poudovkine, tout en intégrant l’héritage du cinéma européen et japonais. L’invention formelle d’Artavazd Péléchian passe également par un travail pratique d’une grande précision sur un outil typique de l’époque du cinéma argentique : la tireuse optique. Cette intervention sera ponctuée de plusieurs extraits des films du cinéaste afin de faciliter la discussion avec les étudiants.
L’intervention d’une heure et quart sera suivi d’une discussion avec les étudiants et d’une projection de deux films d’Artavazd Péléchian : Nous (1969, 26min) et Les saisons (1975-77, 29 min).
Marguerite Vappereau est historienne du cinéma et enseignante, maître de conférence à l’Université Bordeaux-Montaigne. Ses recherches portent sur les discours historiques, le processus créatif et l’intermédialité suivant une approche historique, génétique et esthétique, chez des auteurs comme Jean Genet, René Allio, Ulrike Ottinger, Raymonde Carasco, Artavazd Pelechian, Patrice Chéreau et Nanni Moretti. Elle a codirigé deux ouvrages collectifs avec Sylvie Lindeperg et Myriam Tsikounas sur le scénographe et cinéaste René Allio (PUR, 2013 ; PS, 2017) ainsi qu’avec Claire Déniel un ouvrage sur le cinéaste arménien Artavazd Péléchian (Yellow Now, 2016). Elle est également commissaire d’exposition.
Nous de Artavazd Pelechian
URSS | 1969 | 23 min
Un montage alternant images préexistantes et fabriquées où les regards succèdent aux visages, où le peuple arménien semble résister à toutes les blessures.
+
Les Saisons de Artavazd Pelechian
Arménie | 1975 | 29 minutes | 35 mm
La mise en scène lyrique de quelques moments forts de la vie quotidienne de bergers d’Arménie qui s’inscrivent dans le cycle des saisons : la fenaison, la transhumance sont les principaux leitmotivs de ce poème cinématographique. Glissades à flanc de montagne sur des traîneaux de paille, brebis égarées dans un torrent bouillonnant, Pelechian et sa caméra se laissent emporter par une ronde de la vie menée par les bergers arméniens. Moissons, transhumances, les saisons se suivent, prolongeant les rites de ces éleveurs dans un éternel recommencement. Sans commentaire et d’une force visuelle qui fonctionne comme un effet de boucle, ce n’est pas un documentaire mais un véritable poème qui nous hypnotise. Une intuition cosmogonique de l’Arménie et du monde.
