[WORKSHOP] "RUISSELLEMENTS"
avec Lou-Andréa Lassalle-Villaroya, artiste
Parcours MDR, cycle 1, option Art
RUISSELLEMENTS
"On pensera que lesdites pissures sortent dudit cabinet, sans aucun artifices, à cause que le dehors d'icelui cabinet semblera un rocher."
Autour de la fausse grotte...
Initié au XVIe siècle dans les jardins royaux italiens, ou encore créé par des nobles épicuriens, cet élément de l’architecture paysagère, qui nécessite autant d’ingénierie que de poésie, se développe à une époque où les sciences et l’art cherchent à fusionner et à s’inspirer mutuellement. Il y a une réelle fascination pour la nature, un retour au naturel et au sauvage symbolique. Cela donne lieu à des jardins aux espaces pittoresques, construits par l’homme.
Au travers de réflexions sur la représentation et la mimesis de la nature viennent se glisser des allégories et des théories alchimiques particulièrement intéressantes sur les états et les constitutions de la matière. Ainsi se mêlent des traités d’architectures ordonnées par les orientations, irrigations et les dénivelés des terrains autant que par l’aspect symbolique de la disposition et les effets théâtraux des différents éléments, zones de jardin, monuments et palais.
... et du rusticage
Un autre phénomène mêlant architecture et paysage, une continuité : le rusticage.
Survenu au XIXe siècle, il découle directement du style rustique qui alimenta celui du maniérisme au XVIe auquel il s’oppose directement par souci de naturalisme. Cette technique artisanale de la fausse nature en béton qui s’intègre le plus souvent dans une vraie nature ou un parc sera un outil de nos réflexions.
Ces deux figures historiques de l’aménagement paysager ont quelque chose à dire de notre époque, du faux semblant, du retour à la nature sous le prisme de la culture. De ce que c’est d’étudier, de préserver, de mimer les éléments naturels et de notre rapport au monde à différentes échelles. A partir de ces deux modèles mêlant architecture, paysage, artisanat et éléments naturels, de ce qu’ils signifient, évoquent et remuent nous construiront des fontaines, des bassins et des jeux d'eau dans un périmètre paysager donné qui influera directement sur nos constructions.
Lou-Andréa Lassalle-Villaroya
Les formes multiples créées par Lou-Andréa Lassalle-Villaroya sont issues d’un travail d’écriture basé sur un diagramme-source, en constante évolution, où s’inscrivent les doubles fantasmés de nombreuses personnes de sa famille. Chaque portrait est une traduction plastique à laquelle vient s’ajouter de nombreuses références tant littéraires, philosophiques, théologiques que cinématographiques ou ethnographiques. Les contextes de ses productions influent directement sur l’évolution esthétique et signifiante des personnages. Son intimité s’entremêle à l’architecture, à l’environnement, aux récits fondateurs, légendes et mythes, disposant sa lignée sur un olympe échafaudé patiemment qu’elle nomme sa Cosmogonie.
Au-delà de sa famille, depuis 2012, elle crée un pendant fictionnel à son village natal, élargissant les cercles d’identité à une échelle géographique. Elle va donner corps à une société secrète directement inspirée du contexte socio-culturel de son village, le Caylus Culture Club. Celui-ci sera l’occasion de multiples collaborations et d’évolutions qui donneront lieu à de nombreuses performances et expositions. Ce processus d’ingestion du réel retraduit en fiction pour proposer de nouvelles formes plastiques et/ou vivantes aux mondes - relatant souvent la volonté de flirter avec le folklore - est une constante du travail de Lou-Andréa Lassalle-Villaroya. Ses œuvres ne sont jamais tout à fait figées et participent d’un récit global dont elle retravaille sans cesse les formes au gré des projets et des propositions.