[Workshops croisés]
WORKSHOP «Team Building boot camp » avec Brieuc Schieb
cycle 1 art et design
rdv mardi 10 janvier à 10h
Le principe de ce workshop c’est de camper pendant quatre jours comme si on simulait un séminaire d’entreprise, une sorte de moment de off dans nos activités principales. En tant qu’apprenti.e.s artistes nous sommes majoritairement toutes et tous très critiques avec la pensée capitaliste. On la regarde souvent avec mépris, comme une terre étrange à laquelle on souhaite ne jamais appartenir. Il y a pourtant des liens évidents entre le monde de l’entreprenariat et la façon dont on nous enseigne à intégrer le milieu de l’art. À l’école, on nous apprend à vendre nos œuvres, promouvoir notre personne, être smart, faire du réseau. Que ce soit en commission, en régie d’exposition, sur un plateau de tournage, ou parfois même dans les endroits les plus alternatifs: il y a souvent des mécanismes qui se répètent. Où on ne parvient pas à l’horizontalité, où la compétition et les conflits de pouvoirs sont de mise, où l’on retrouve les sempiternels réflexes patriarcaux… Ce sont sensiblement des points communs qu’on a du mal à assumer.
Alors qu’au final, nous ne sommes pas complètement différent.e.s de ce que nous rejetons. Nous en sommes malheureusement constitué.e.s. Peut-être faut-il se demander ce qu’on peut bien faire avec l’héritage et l’impératif de réussite que cette société nous laisse, comment les remettre en question et les détourner.
L’idée ce serait de jouer avec ces repères en prenant à contrepied le concept managérial du team building, utilisé dans le monde de l’entreprise. La méthode du team building consiste à sortir les individus de leur environnement habituel et les aider à mieux se connaître au travers d’exercices où on force le collectif pour renforcer la cohésion du groupe, et d’être ainsi plus productif.ve.s.
C’est un peu comme dans les workshop en école d’art, finalement…
Comment les collègues font entre elleux pour souder leur groupe ? Plus largement, comment une communauté essaye de se renforcer ? Pour se faire, on se nourrirait de nos expériences respectives. On évoquerait notre rapport au vivre-ensemble, au monde du travail. On échangerait sur nos imaginaires respectifs du collectif. Qu’il soit question de camps scout, de survivalisme, weekend entre ami.e.s, organisation de teufs, télé-réalité, colonies de vacances, job d’été… autant de modèles avec leurs propres rituels dont on pourrait s’inspirer, et éventuellement les mettre à l’épreuve.
La différence c’est qu’on ne prétendrait pas atteindre une quelconque productivité. En tant qu’intervenant je n’attends rien à part tester avec vous des choses dans un espace assez ouvert pour accueillir toutes vos propositions. Qu’elles soient matérielles ou performatives, sans pression et de manière décomplexée, qu’on pourra archiver comme bon nous semble. Le principal me paraît plutôt de réfléchir tranquillement à ce qu’est une utopie collective et au fait d’entreprendre un truc ensemble. On peut très bien choisir de capturer/filmer ce qu’on exécutera, ou juste de se contenter de regarder à quoi ressemblera physiquement l’endroit qu’on aura campé pendant quatre jours
références: Omsk Social Club / Ed Fornieles, Ryan Trecartin & Lizzie Fitch, Jérome Bel, Alain Della Negra & Kaori Kinoshita, Lou Cohen, Fabien Giraud & Raphaël Siboni
- Brieuc Shieb : Né en 1995, Brieuc Schieb étudie l’esthétique et le cinéma à la Sorbonne avant d’entrer aux Arts Décoratifs de Paris (EnsAD). Évoluant entre films et installations, Brieuc développe des fictions autour de personnes, de contextes et de matériaux pré-existants.
En tournage, ses dispositifs s’inspirent de formats populaires, tels que le jeu de rôle ou la télé- réalité. C’est une façon pour lui de générer des expériences collectives et participatives afin de transformer le scénario initial. En 2019, il réalise La Tourbière, inspiré d’un fait divers survenu dans un carnaval dans le Finistère. La première a lieu au FID Marseille avant d’être diffusé dans plusieurs festivals et autres institutions tels que le Centre Pompidou et la Cinémathèque. Dans un format plus long, Koban Louzoù est la chronique d’un chantier participatif retiré dans la campagne bretonne. D’abord montré au FIFIB 2022, le film reçoit le grand prix André S. Labarthe aux Entrevues de Belfort. Brieuc Schieb vit à Paris et travaille aux Ateliers Wonder.
Les Workshops croisés sont des ateliers de production avec des artistes et des designers invités dans des champs artistiques diversifiés (édition, son, cinéma, performance, danse, stylisme, matériaux, photographie, cuisine…) ouverts à l'ensemble des étudiant.e.s du cycle 1 sur inscription. Ils sont organisés sur 5 jours avec un temps de restitution publique.
