[Restitution du Workshop] Créatures avec Simon Girault-Têtevide

Costume de sanglier - Simon Girault-Têtevide
Costume de sanglier - Simon Girault-Têtevide
Mercredi 9 février 2022

[Restitution du Workshop] "Créatures" avec Simon Girault-Têtevide, artiste
Suite aux sessions de travail en janvier 2022

Parcours Shibboleth, cycle 1, option Art

création de costumes, entre formes et informe
accumulations, agencements
créatures, monstres sonores et graphiques, hétérogènes, hétéroclites, hybrides
catalogue de modèles grotesques
entre l’humain, l’animal, le végétal, le minéral. travailler
l'innommable, l’inqualifiable
Mascarade, parade.

---
Simon Girault-Têtevide
 
Mon propre corps est un lieu en devenir, il est en état d’inachèvement. 

Devenir Animal (devenir Sanglier, Renard, Bouc, Cerf)
Devenir Végétal (devenir Arbre, Écorce, Fougère, Salicorne, Fleurs)
Devenir Minéral (devenir Pierre)
Devenir imperceptible (devenir Miroir - disparaître)
Devenir Élémentaire (devenir Lumière, Brouillard, Couleur)
Devenir Nourriture (devenir Fromage, Gâteau)

Des costumes, des peaux que je mets ou remets en mouvement. La peau du vivant dans toute sa variété. Méta-morphose.

Mon travail est un travail d’action. Il s’agit de porter les paradoxes d’une position d’être humain qui s’il n’a véritablement que son propre corps pour expérimenter l’existence est toutefois traversé par tous les devenirs possibles.
Qu’est-ce que peut un corps ?

Je me saisis de ce que notre culture humaine nomme comme « non-humain » : ce qui est dit sans pensée, sans culture, inerte, mort , figé,  pour m’y projeter et le /la faire danser .
Mettre en mouvement le corps du vivant pour mieux remettre en mouvement la pensée parfois figeante de la culture humaine.

Il s’agit aussi de porter une responsabilité qui consiste à explorer l’ambiguïté grotesque de la position dite humaine qui se veut au centre du vivant. J’ étudie les effets de réalité d’un paradoxe qui consiste à se projeter en tout et pour tout. L’être humain ramène tout à lui. C’est cette ambiguïté que je porte.
Je la porte comme une blague, une vulnérabilité, une ouverture sur le monde, une fausse volonté de puissance narcissique qui rit d’elle-même.
J’assume une position et une attitude singulières, d’idiot, de truqueur. Je suis un trickster, un Joueur de tours auxquels je suis le premier pris.

Le grotesque et la déraison sont pour moi des armes, lesquelles ne vont pas sans cet autre degré de lecture qu’est le rire.

Ces actes relèvent  à la fois de la réalité dans laquelle ils s’inscrivent, de l’image qu’ils proposent en terme de poésie (action, vidéo, photos, installation, sculpture, écriture, dessin), ainsi que de leur fonctionnement dans le langage même : Se faire manger les pieds par des rats (pieds en fromage), faire transporter des meubles à des fourmis, lâcher des pigeons cagoulés avec des fonds de chaussettes, faire suer des têtes en fromage au soleil, animer les masques de son propre visage, se glisser dans la peau d’un sanglier , d’un bouc ou d’un renard, mettre des yeux aux montagnes ou bien encore se transformer en brouillard ou en un tas de pierres...

Mon travail requestionne , il ne répond pas.  La porosité nécéssaire à l’Autre est ce qui mine de l’intérieur la conception centraliste humaine . Le devenir multiple , se reconnaitre potentiellement en tout ce qui existe est ma réponse/question à ce que peut un corps, mon corps. C’est aussi ma manière d’habiter avec auto dérision cette tension entre le fait d’être à la fois pris dans un corps d’être humain et à la fois pris dans un environnement multiple, Autre . La limite est floue et mérite d’être explorée. 
 

Étiquettes
Type d'actualité